Lorsqu’un patient bénéficie d’une chirurgie, surtout en cas de cancer, il est soumis à ce que l’on appelle un stress chirurgical. C’est-à-dire que son corps va devoir réagir comme s’il courrait un marathon. Dès lors, les principes chirurgicaux qui ont été considérés comme standard pendant des années (jeune prolongé avant l’intervention, immobilisation prolongée après, nourriture et médicaments par tubes et intraveineuses, etc) semblent peu appropriés.
Malgré les progrès de l’anesthésie et des techniques chirurgicales dans les différents domaines au cours des années, les complications postopératoires restent parmi les inconvénients majeurs de la chirurgie pour le patient, le chirurgien et le personnel soignant. L’un des principaux facteurs favorisant les complications postopératoires est ce qu’on appelle la réponse au stress chirurgical. La compréhension progressive des bases physiologiques de la réponse au stress postopératoire a entraîné la création d’équipes interdisciplinaires comprenant des chirurgiens, des anesthésistes, et du personnel infirmier, ayant pour but de diminuer la réponse au stress chirurgical.
Enhanced Recovery After Surgery (ERAS), que l’on peu traduire par réhabilitation améliorée après chirurgie est une approche multimodale et standardisée des soins péri-opératoires destinée à réduire le stress chirurgical et maintenir la fonction physiologique. ERAS a comme objectif de permettre une convalescence rapide des patients après une chirurgie majeure. Cette approche a permis de diminuer les complications post-opératoires ainsi que la durée d’hospitalisation. ERAS a d’abord été développé pour la chirurgie des intestins, puis les protocoles ont été modifiés et étendus à la chirurgie du pancréas, gynécologique, vasculaire, thoracique, pédiatrique et orthopédique et enfin à l’urologie.
Lorsque ce protocole est appliqué en urologie, que ce soit pour l’ablation de la vessie en cas de cancer, pour l’ablation du rein ou de la prostate, la plupart des études ont montrée un avantage significatif pour les patients bénéficiant de ce programme, en terme de rapidité et de qualité de récupération. Grâce à un protocole de soin standardisé mis sur pied entre anesthésistes et urologues à la Clinique de la Source, les patients opérés d’un cancer de la prostate, d’un cancer du rein, d’un cancer de vessie musculo-invasif ou d’une malformation rénale peuvent ainsi bénéficier d’une prise en charge ERAS. Ainsi, le patient sera autorisé à boire jusqu’à deux heures et à manger jusqu’à six heures avant la chirurgie. En cas de malnutrition, un complément alimentaire visant à stimuler le système immunitaire sera prescrit. Une information détaillée quant à l’optimisation préopératoire (arrêt du tabac et de l’alcool, activité physique, nutrition) sera prodiguée.
Les éléments suivants font partie intégrante d’une prise en charge ERAS :
• Pas de jeûne préopératoire prolongé
• Pas de préparation colique
• Antibio-prophylaxie unique ou de très courte durée
• Double prophylaxie contre les thromboses par héparine et bottes de compression
• Pas de prémédication anxiolytique systématique
• Pas de remplissage excessif du patient par des perfusions intraveineuses
• Usage optimisé des anesthésiques (à durée de vie courte)
• Prévention de l’hypothermie peropératoire par couverture chauffante
• Pas ou peu d’utilisation de dérivés de la morphine
• Prévention des nausées et vomissements post-opératoires
• Utilisation des techniques minimalement invasive (laparoscopique, robotique)
• Réduction de l’usage des drains, des sondes naso-gastriques et des sondes urinaires
• Traitement optimisé de la douleur sans morphine
• Stimulation du transit intestinal
• Réalimentation précoce
• Lever et mobilisation précoce
• Thrombo-prophylaxie
• Reprise de ses activités au plus vite et dans les meilleures conditions